24 septembre 2003 - le CEA construit le plus grand laser du monde

mercredi 24 septembre 2003

Dissuasion nucléaire sans essais : le CEA construit le plus grand laser du monde

BORDEAUX (24 septembre 2003) - A un jet de pierre du bassin d’Arcachon en Gironde, le CEA a entamé le gigantesque chantier du LMJ (laser megajoule) qui, pour un investissement de 1,2 milliard d’euros sur 15 ans, deviendra à la fin de la décennie le laser le plus puissant au monde.
Le LMJ qui permettra d’étudier en laboratoire les processus physiques intervenant dans l’étape finale du fonctionnement d’une arme nucléaire, est l’un des outils-phares du pôle défense du CEA sur lequel se fonde la politique française de dissuasion. (voir plus bas : Pourquoi il faut stopper le laser Mégajoule)

Pour l’heure, on ne visite que son prototype à l’échelle 1, le LIL (Ligne d’Intégration Laser) qui sera fin 2003 le laser le plus puissant d’Europe en terme d’énergie délivrée. Il pourra reproduire le processus physique de la fusion impliqué dans le fonctionnement d’une charge thermonucléaire.

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Le futur LMJ, sur le site du CESTA (centre d’études scientifiques et techniques d’Aquitaine) sera hébergé dans une salle de plus de 300 mètres, où tiendrait une Tour Eiffel couchée... Elle sera occupée par 30 chaînes laser de chacune 8 faisceaux, soit 240 faisceaux en tout qui concentreront leur énergie sur une microbille de quelques millimètres.

Les dimensions du dispositif ont été calculées pour que les faisceaux puissent délivrer, en quelques milliardièmes de seconde, une énergie de 1,8 MJ dans une cavité contenant une minuscule capsule de deutérium et de tritium. Une quantité suffisante pour provoquer la fusion de ces deux isotopes d’hydrogène et obtenir 10 fois plus d’énergie que le laser n’en aura apporté.

"La prouesse n’est pas de produire une énergie de 1,8 MJ, ce qui représente 430 kcal (ou l’équivalent de l’énergie contenue dans dix pots de yaourts à 0%) mais de la déposer de façon très spécifique, sur la microbille", explique Serge Durand directeur du CESTA .

"Son utilisation par des chercheurs du civil devrait représenter environ 20% du total", selon Serge Durand, qui cite des applications potentielles variées : "physique des lasers, astrophysique, géophysique, physique des conditions extrêmes".

Tout comme le LMJ, le supercalculateur Tera (cinq mille milliards d’opérations par seconde) installé en Ile de France, a vocation à servir également la recherche civile.

Les deux outils ont été développés dans le cadre du programme Simulation, mené par la direction des applications militaires (DAM) du CEA, qui selon son directeur Alain Delphuech, "représente un effort financier de 5,1 milliards d’euros sur 15 ans".

Située dans les sous-sols du centre CEA à Bruyères-le-Châtel (Essonne), la machine Tera, livrée par Compaq en 2001, reproduit par le calcul le fonctionnement d’une arme nucléaire, dans un local de 60 mètres par 60. Un univers où la présence humaine est quasi-inexistante. D’impressionnantes rangées d’armoires grises abritent 2 560 processeurs parallèles et un réseau de connexion ultra-rapide dans un ronflement de ventilateurs. Tera, derrière lequel se cache la "matière grise" d’un millier de chercheurs, travaille à partir des données acquises lors des 6 derniers essais (1995 et 1996) et décrit les étapes physiques à l’oeuvre dans une arme.

"Le niveau de prédiction des modèles doit pouvoir compenser l’absence des essais qui seuls permettaient des validations en vraie grandeur", souligne François Robin, responsable du projet Tera.

Dans le cadre de l’ouverture à la communauté des chercheurs, Tera a déjà fait gagner un temps précieux aux bioinformaticiens, engagés notamment dans le décryptage de génomes.

Et dans le domaine des sciences de la Terre, Tera est par exemple utilisé pour calculer les conséquences des ondes sismiques sur la géologie.

Voir : CEA (Le Laser Megajoule)


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