Sud-Ouest, 25/4/2005 : Le CEA dialogue avec ses opposants

lundi 25 avril 2005

Sud-Ouest, 25/4/2005 :

Le CEA dialogue avec ses opposants

Serge Durand, directeur du Centre d’essai atomique (CEA) du Barp en Gironde, a débattu mercredi avec les militants de l’association Tchernoblaye

C’est une première : un dialogue a eu lieu mercredi entre Serge Durand, directeur du CEA-CESTA où s’édifie le laser Mégajoule et l’association Tchernoblaye, dont la dénomination dit assez l’opposition au nucléaire. La rencontre avait lieu au TEE (terrain d’expérimentation extérieur) annexe du CESTA, dont les 900 hectares sont à cheval sur les communes de Lugos (Gironde) et Saugnac-et-Muret (Landes).

Cet emplacement est utilisé depuis plusieurs décennies par le CEA-CESTA qui, bien avant de lancer le laser Mégajoule, était déjà en charge de l’architecture des têtes nucléaires des missiles. L’établissement girondin du CEA y dispose d’équipements permettant de simuler les diverses contraintes violentes (foudre, chute d’hélicoptère, incendie) auxquelles peuvent être confrontés ses engins. Il y a procédé à des « tirs froids », ce qui dans la terminologie maison désigne l’explosion de charges contenant des métaux lourds - y compris l’uranium appauvri - à l’exclusion bien sûr des matières fissiles utilisées dans les bombes atomiques. Il y a aussi pratiqué à trois reprises entre 1984 et 1985 des lâchers d’hexafluorure d’uranium contenant de l’uranium faiblement radioactif. Autant d’éléments qui ont déclenché les questionnements et les accusations de Tchernoblaye.

Transparence. Devant une poignée de militants antinucléaires et en présence de plusieurs élus locaux, ainsi que du sous-préfet d’Arcachon, Serge Durand s’est efforcé de jouer la carte de la pédagogie et de la transparence.
Il a rappelé que les « tirs froids » n’avaient pas eu lieu depuis près de dix ans, il a affirmé que les lâchers d’hexafluorure d’uranium avaient donné lieu à l’époque à des mesures établissant que le niveau de radioactivité ne dépassait pas le seuil naturel (1) au-delà d’un rayon de 220 mètres. Il a indiqué que quelque 600 m3 de terre « très faiblement radioactive » avaient été dégagés en 2001 du terrain avant d’être stockés provisoirement sur le site principal du Barp, puis expédiés dans la décharge de l’ANDRA (2) à Morvilliers (Yonne).

Tout en se montrant satisfaits de ce dialogue, les militants antinucléaires n’ont pas été totalement rassurés pour autant. Certains se demandaient pourquoi il avait fallu tant de temps pour évacuer cette terre, aussi faiblement radioactive soit-elle.
Par ailleurs, Stéphane Lhomme, animateur de Tchernoblaye, a souhaité que des expertises indépendantes soient faites tant sur le TEE qu’au Barp. Il a exprimé le voeu qu’elles soient confiées à l’organisme indépendant CRII-RAD et financées par les collectivités locales et l’Etat.

Serge Durand n’a pas émis d’objection de principe à ces revendications, pas plus que le sous-préfet d’Arcachon. Et après avoir ainsi discuté avec les militants, il leur a fait visiter ce vaste espace fort rarement ouvert à l’extérieur. Si de toute évidence les convictions respectives n’ont pas été ébranlées, le dialogue aura prévalu sur l’anathème tout au long de ce débat inédit.

(1) Seuil de radioactivité décelable hors de toute source artificielle
(2) Agence nationale des déchets radioactifs


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